Aujourd’hui réindustrialiser c’est réduire nos dépendances, consolider la cohésion territoriale, diminuer notre empreinte environnementale qu’une croissance sans discernement a poussé hors limites.
Tous ces enjeux s’appellent « notre connaissance industrielle ». Est-ce possible, souhaitable et raisonnable ? Je crois sincèrement que oui. Commençons par mobiliser nos atouts ; nous avons le potentiel des territoires et il faudra nous appuyer sur tous ces projets des PMI et ETI pour diversifier notre tissu industriel. Cela veut dire soutenir l’investissement productif sous toutes ses formes.
Nous avons des formations ; suffisantes en nombre, mais pas toujours au bon endroit, pas toujours les bonnes compétences. La principale difficulté est ailleurs ; la moitié des jeunes formés aux métiers industriels ne les rejoignent pas… il est nécessaire de recréer ce lien entre école et industrie, entre les familles et l’industrie par des visites régulières, des témoignages, des échanges…
Nous sommes un marché riche ; achetons « fabriqué en France » et l’Etat doit montrer l’exemple ! Il y a des marges de manœuvre pour la commande publique et on estime à 15 milliards d’euros le montant supplémentaire possible dans les achats publics. Cela représente 1/4 de notre déficit commercial manufacturier !
L’aspect frappant du renouveau industriel est la nouvelle diversité des lieux de production, celle des organisations, celle des modèles d’affaires. L’industrie n’est plus seulement l’usine traditionnelle et son organisation taylorienne. Effectivement de la start-up industrielle à la gigafactory, des PME et ETI, pour nos territoires, les lieux productifs deviennent de plus en plus divers ; ils reprennent pied dans la ville ! Ils reconquièrent les friches et réaniment des collectivités territoriales laissées à l’abandon.
En leur sein, les nouvelles organisations se cherchent encore. La production fordienne n’est plus le seul modèle. Le 4.0 cible d’abord les tâches répétitives et pénibles, il permet aussi des équipes plus autonomes, plus responsabilisées, plus multitâches. Cette diversité est souvent méconnue.
Or un enjeu de ressources humaines réside dans cette dynamique industrielle. Chacun peut y trouver sa voie, s’y épanouir, y faire de belles carrières. Car notre renaissance industrielle se fera par les femmes et les hommes qui s’y engagent et qui n’oublient jamais qu’une usine qui ouvre dans une petite ville c’est moins de déserts médicaux et de classes qui ferment.
Faire notre renaissance industrielle, c’est être des parents responsables qui laissent à leurs enfants un pays qui reprend son destin en main. C’est avoir sa conscience en paix en mettant derrière nous l’hypocrisie d’avoir délocalisé nos pollutions en même temps que nos productions. C’est un défi de moyen terme et une réponse collective permettra d’y répondre avec succès.